Du grand Will
Je voulais profiter de cet espace pour faire une déclaration d'amûr. Alors, voilà.
Will, je t'aiiimeeuh.
Je m'adresse là à l'un des anglais les plus illustres au monde. Si ce
n'est LE plus illustre. En tout cas celui qui à mes yeux, mériterait de
l'être. J'espère que vous aurez compris qu'il ne s'agit pas du prince
William (dont je viens d'apprendre qu'il avait réussi sa maîtrise de
géo avec mention bien, le brave petit...).
Non non, celui qui fait
battre mon coeur (ce qui, incidemment envoie une dose massive et
bienvenue de sang à mon cerveau légèrement asphysxié en ce moment...),
c'est William Shakespeare. Celui-là même à qui je rends hommage dans le
titre de mon petit blog de rien du tout. Il s'en fiche, me direz-vous,
mais eh, on fait ce qu'on peut avec les moyens du bord.
Ai été voir Julius Caesar, hier, au théatre de Chaillot. C'était vraiment pas mal. Mise en scène réussie dans l'ensemble, acteurs excellents. Pour une pitite critique de la mise en scène de votre serviteuse, faites donc un tour sur le forum de mon site, juste ici.
Bon, évidemment ce n'est pas une des meilleures pièces de
Shakespeare. Elle est assez inégale. Les trois premiers actes sont très
beaux, contiennent des morceaux de bravoure, rhétoriques et
esthétiques. Une vraie et nécessaire réflexion sur la notion de patrie,
celle d'ambition, sur les dangers du pouvoir non partagé, etc...
Je me souviens que pendant la harangue d'Antoine devant le peuple ("For Brutus is an honorable man"),
je me suis dit que si on devait donner 33 coups de couteaux à tous les
ambitieux du monde politique actuel, le monde ressemblerait au rayon
passoire du BHV le plus proche.
Et puis bon, la seconde partie est moins forte. Elle ne s'occupe que de la résolution du conflit macroscopique crée par les conjurés, et donc de la vengeance de la mort de César par le destin (à défauts d'une réelle évocation des dieux). Mais surtout, cette deuxième partie, elle manque de mots. Elle manque de chair. J'ai eu plus l'impression d'entendre une traduction des textes latins traitant de la bataille de Philippes que les mots de Shakespeare. Nom d'un chien, il le dit lui-même, par la bouche de Brutus:
"Good words are better than bad strokes"
Je crois que ca m'embête un peu d'avouer que toute une partie d'une
pièce de Shakespeare peut être un peu faible. Je veux dire, si on prend
cette voie, où va le monde ? :D
En même temps, je sais comment les
défauts d'une pièce comme celle-là sont résolus dans des pièces plus
tardives, qui reprennent, avec plus de densité, plus de forces, moins
de dispersement, ce qui pêche dans celle-ci.
Et puis, quand même... je me demande si je ne suis pas un peu ( un tout petit peu) satisfaite de me dire que je ne suis pas la seule à avoir du mal à finir ce que j'ai commencé, à tirer à la ligne, à sacrifier des choses de la fin, parce que ce qui m'intéressait le plus, c'était la mise en place du projet, la découverte. J'imagine le grand Will (qui était encore assez petit à l'époque), assis devant sa table, la tête entre les mains, à se dire "comment je vais bien pouvoir boucler ça?"...
The rest should be silence. Et il apprendra à maîtriser ce que les séries-ologues de nos jours appellent le cliffhanger.
Ce silence final dans lequel ses mots trouvent si bien leur écho.