Des traditions dominicales
Scènes de la vie conjugale, un dimanche, au temps du bon roi Henri (le quatrième, quoi...)
Lui: "HOOOOOOOooooooo de la poule au pot! Qu'est-ce qui se passe? Ce n'est pourtant pas jour de fête..."
Elle:
"Notre bon roi Henri a récemment décidé que tous ses sujets devaient
pouvoir manger de la poule au pot, tous les dimanches."
Lui: "C'est
fantastique ! Quel bienfaiteur de l'humanité, quel génie, j'ai bien
fait de voter pour lui " (eh oh, je raconte comme je veux, d'abord!)
Le dimanche suivant
Lui: "Encore de la poule-au-pot? Mais c'est génial, c'est vraiment agréable, y a pas à dire"
Le dimanche suivant:
Lui: Encore de la poule-au-pot ? Super!
Le dimanche suivant:
Lui: Laisse-moi deviner.. on mange de la poule-au-pot, aujourd'hui
Le dimanche suivant:
Lui: Encore de la poule-au-pot? Ca va finir par devenir lassant, hein.
Le dimanche suivant:
Lui: Pfffft, y aurait pas des brocolis, plutôt ?
Le dimanche suivant:
Lui: AH non, j'en ai ras-le-bol de la poule-au-pot, ca suffit maintenant, il va voir ce qu'il va voir
Elle: Ravaillac! RAVAILLAC! Où cours-tu avec ce couteau ?!!???
Au marché en dessous chez moi, il y a un adepte d'Henri IV, qui
vient vendre ses poulets tous les dimanches, juste sous ma fenêtre. Je
dis adepte d'Henri IV, parce qu'il est là ni au marché du mardi, ni à
celui du vendredi. Et le truc, c'est qu'il les tue pas avant, ses
poules, non non non, on est à l'ère du flux tendu, zéro stock, zéro
gachis. En fait, il les tue même pas au moment de les vendre. Non non.
Il les met sauvagement dans une boite trop petite à la demande du
client.
Il doit y avoir une mémoire communautaire
qui se propage dans les poulaillers. Ptet que les survivantes racontent
aux autres ce qui se passe au marché, et qu'elles attendent toute la
semaine dans l'angoisse que le dimanche arrive. (Vous avez vu Chicken
Run? Ben pareil..)
Du coup, les poules, quand elles
voient arriver la boite trop petites, elles savent qu'elles vont se
faire zigouiller, et elles piaaaaaaaillent tout ce qu'elles peuvent.
Quand je suis arrivée, j'ai mis un moment à m'assurer que c'était bien
des poules, parce qu'elles font pas le bruit caractéristique des poules
que je connaissais jusque là. Non, là c'est vraiment strident,
déséspéré.
Du coup, je me suis habituée à être
réveillée tôt le dimanche matin. Remarquez, le dimanche, pour moi, ça
change pas tellement des autres jours, j'ai pas assez de cours à la fac
pour que ca fasse une réelle différence. Mais DE FACON GENERALE, j'aime
pas être réveillée tôt par un bruit strident, et répété toutes les
trois minutes.
Pendant les vacances, Henri IV au
petit pied a du décider qu'on méritait tous une pause. Je m'y suis bien
habituée, au silence du matin.
Mais
ce matin, les poules sont de retour. PIRE, elles ont amené un petit
copain. Un mâââââle. Il a du croire qu'on fêtait une occasion spéciale,
ou alors elles lui ont toutes fait des poussins dans le dos. Ou alors
il a pensé que l'expression "Jour du seigneur" renvoyait à sa propre
majesté. Seigneur de la basse-cour et de la camionnette blanche,
parfaitement. Il a la crête pour le prouver.
Toujours est-il qu'à 7h moins le quart, ce matin, il a eu envie
d'exprimer son inestimable opinion aux yeux et aux oreilles de tous.
Pendant vingt minutes. Tu parles d'un orateur. C'est marrant, d'un coup
j'ai pensé aux coqs allemands. Ceux qui font pas cocorico, mais
kikeriki. Ki ke rit, ki? Mademoiselle Moi rit pas, en tout cas, elle.
D'habitude, à 7h du mat, j'ai des envies de pains chauds, de confiture de griottes et d'Earl Grey.
Ce matin, chais pas pourquoi, j'imaginais plutôt du coq au vin.
Je suis passée directement du stade "imbécile heureuse au sommeil
enchanteur" au stade "Ravaillac, où cours-tu avec ce couteau ?!".
Grumpf.