Du Bridget-Jonesisme
Aujourd'hui, ca rigole pas.
Ceci est une lettre ouverte à certaines de mes amies. A M. dont
le mec est un connard mufle au possible, qui en est consciente, mais
qui préfère rester avec lui plutôt que d'être seule. A L. qui semble
enfin avoir trouvé quelqu'un qui puisse être autre chose qu'un objet
d'admiration intellectuelle, tout en tenant la comparaison avec elle
sur ce plan-là; à A., qui a écrit tout à l'heure "Au point où nous en
sommes toutes, tous les moyens sont bons", en espérant qu'elle n'en
soit pas réellement persuadée :) Et puis sans doute à d'autres, parce
que ce que je vais dire, ça me semble concerner un grand nombre de gens.
Une petite remarque préliminaire. Je suis toute seule depuis 4
ans, j'ai des hormones comme tout le monde, j'ai horreur des féministes
hystériques. Je suis flattée qu'on me remarque dans la rue, quand c'est
fait de façon pas trop crétine. Et quand je vois ce genre de chose:
il
arrive régulièrement qu'une exclamation du style "rhaaaaa je veux le
mêêêêême" sorte de ma bouche, en même temps qu'un filet de bave.
Bref, je suis une fillasse, comme beaucoup d'autres. Qu'on ne vienne
pas m'accuser d'être de mauvaise foi (ni m'embêter sur le choix du
"bellâtre-sur-qui-je-bave", je fais c'que je veux, d'abord :) )
Je ne crois pas qu'il y a réellement un "point" qui, une fois
atteint, justifierait que tous les moyens soient bons à envisager. En
l'occurrence la remarque portait sur la pub à se faire sur internet
pour se trouver un mec... Attention, je ne méprise absolument pas les
relations qui se développent sur le net, c'est même comme ca que j'ai
appris à connaître mon deuxième chéri, qui est quelqu'un d'absolument
charmant. Mais bon, le coup de la photo sur internet dans l'espoir
d'être remarquée, je trouve que c'est ne faire beaucoup de crédit ni au
spectateur potentiel, ni à soi-même. Tout ça pour dire que mon propos
est plus général.
Une chose qui me paraît claire,
c'est qu'il y a quand même un truc hérité des siècles passés qui a été
mal digéré. Cette espèce de pression sociale à propos du couple, qui
fait que la Sainte Catherine se profile quand même à l'arrière des
mentalités. Je sais pas si ça fait le même effet aux mecs, j'en parle
uniquement de mon point de vue. Comme le faisait remarquer Ellea dans
une note récente, le dialogue: "Je suis célibataire" - "Oh ma
pauvre, t'inquiètes pas, tu vas trouver", c'est pas si caricatural que
ça. Et le pire, c'est que la plupart du temps, ce sont les bonnes
femmes qui se l'infligent entre elles et à elles même. Elles veulent
être les égales des mecs et tout le tintouin, mais beaucoup ont du mal
à envisager qu'elles peuvent exister sans faire partie d'un couple.
Ptet que la plupart d'entre elles ne croient pas vraiment à leur cheval
de bataille...
Je suis pas en train de faire
l'apologie du célibat. Oui évidemment, parfois, je suis frustrée. Oui,
évidemment, y a plein de moments (autres que ceux où je tente
infructueusement de faire la cuisine ou de monter mes 15 tonnes de
courses dans les quatre étages) où je me dis qu'avoir un chéri, ce
serait quand même vachement bien. Oui je suis agacée par les couples
qui se dégivrent les amygdales dans le métro (alors que je n'avais
aucun scrupule à le faire quand j'en avais l'occasion il y a quelques
années :D ).
OK, c'est vexant d'être la copine ou la
soeur de celle que tout le monde remarque et qui n'a qu'à se pencher
pour cueillir les admirateurs. OK, on en arrive à se poser des
questions sur ce qui cloche quand on n'arrive pas à trouver chaussure à
son pied.
Mais de là à ce que ça vienne menacer la
sensation d'être une personne à part entière, y a quand même un
problème quelque part, non ?
Je me refuse absolument à faire une liste de priorités qui ressemblerait à
- Réussir brillamment mes études
- Me trouver un mec à tout prix.
- Acheter une télé (ou une voiture, ou une maison, ou que sais-je..)
A TOUT prix? Mais ça va pas la tête ? Il y a quelques temps,
j'ai dit à l'une de mes amies qu'il fallait arrêter de penser que les
mecs étaient différents et que c'étaient à eux de tout faire. J'ai du
lui dire qu'il fallait faire un effort pour montrer un peu de ce qu'il
y avait derrière la facade, sous peine de ne pas retenir l'attention
suffisante à entamer un semblant de relation sociale, quelle qu'elle
soit. Je le pense encore. Mais je parlais pas de racolage systématique
de tout individu de sexe mâle passant dans le coin, sous prétexte qu'on
risque de finir, toute seule, bouffée par son berger-allemand, ses
chats, ses poissons rouges, ou sa plante carnivore.
En ce qui me concerne, à 22 ans, je ne pense pas que l'ensemble
de ma vie amoureuse soit derrière moi :D. Et même si elle l'était... ce
serait certainement dommage, et révélateur de quelque chose qui déconne
chez moi. Mais je crois pas que ce serait une raison d'avoir "honte".
C'est marrant, parce que les filles auxquelles je pense sont toutes
plutôt mignonnes, avec du caractère, de l'humour, et sacrément douées
sur le plan intellectuel (même si elles en sont pas convaincues, ... là
y a aussi un problème, mais j'en parlerai un autre jour.) Alors ok,...
vous avez le droit de penser que vous n'êtes que les moitiés
potentielles d'un tout hypothétiques. L'autodévalorisation, c'est un
droit imprescriptible de l'être humain. Mais je préfererais qu'on ne
m'inclue pas dans le club...
Chacun ses complexes.
J'ai les miens aussi. Mais pas celui-là. Je suis ptet intolérablement
imbue de moi-même, mais j'ai pas besoin d'un homme pour exister. Pour
plein d'autres choses sans doute, oui. Mais pas pour ça.
Et voilà, quand je me plains pas, je me mets à moraliser, c'est terrible. Je devrais m'en tenir à ce que je sais faire :D