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Words, words, words
22 novembre 2005

De la chaleur humaine

    Mes amis et connaissances, et les plus assidus d'entre vous, chers lecteurs, savent bien que l'un de mes grands slogans est "Je n'aime pas les gens". J'ai horreur de la foule, et c'est la cause entre autres, de ma phobie des soldes, du Louvre aux horaires scolaires, et des Puces le samedi.
  C'est aussi la raison pour laquelle dans l'ensemble, je n'aime pas le métro. Remarquez que je n'ai pas bien choisi mon logement, vu que j'habite sur le trajet de la ligne 13, sur le branche qui va en Seine-Saint-Denis, et qui est, subséquemment, continuellement bondée.
  Mais cette misanthropie primaire, quand elle est confrontée à des conditions extrêmes, a tendance à muter (c'est ce qu'on appelle l'adaptabilité). A partir du moment où il commence à devenir évident que mon cerveau ne survivra pas à une décharge de haine à l'encontre de la foule, tellement cette dernière devient envahissante, il se passe quelque chose de terrible. Je me met à aimer tout le monde. Sans doute la faute aux endorphines.
    Par exemple, aujourd'hui fut une journée assez morose. J'ai mal au dos, j'ai pas été très efficace, et mon élève non plus, ce qui me pousse à m'interroger sur mes petites capacités pédagogiques, et comme vous le savez peut-être, la remise en question, j'aime pas ça. En sortant de chez lui, je prend la ligne 6 (tranquille), puis la ligne 14 (pas de problème). Et enfin, arrive la correspondance avec la ligne 13. La mienne. La cracra-surpeuplée-toute pas belle, la seule, l'unique, l'inimitable. Arrivée dans le dernier coude avant le quai, je me heurte à un mur humain. Le quai dégueulait jusque dans le couloir. Je me dis supeeeer, il y a du avoir un accident ou quelque chose, mais comme ils ne font pas d'annonce, ca doit être fini, ca va se résorber. Et là, je note un nombre inaccoutumé de gens en rouge. Avec des ECHARPES et des CHAPEAUX LOUFOQUES rouges et blancs. Signal d'alarme dans ma petite tête: (là vous imaginez la lampe clignotante et la sirène): MATCH!!!!

    Et effectivement, j'étais entouré de portugais (ai-je cru comprendre) joyeux, pressés de voir leurs idoles foutre la patée à je ne sais quel club français (enfin je dis ca, j'en sais rien, et honnêtement, j'en ai rien à foutre hein .) Je laisse passer un métro, deux métros, trois métros... (sans parler de ceux qui vont à Asnières-Genevilliers et pas à Saint-Denis (un sur deux). Je comptais pas les moutons, là, je comptais les métros pleins de gens moutonnesques. Bon au bout d'un moment, je me décide quand même à tenter ma chance, paske bon, il commence à faire faim, j'ai mal au dos, et je vais pas passer la nuit sur place. Dans ma grande mansuétude, j'ouvre même le chemin à une petite dame qui désesperait à côté de moi, et hop, magie, nous parvenons à grimper dans la boite de conserve à la première tentative. La question qui se pose ensuite est: le métro va-t-il pouvoir partir? Nan pask'être dedans c'est bien, mais tant qu'il y a un nombre non-entier de gens de chaque côté de la porte, on ne va nulle part, comme nous l'a gentiment rappellé à maintes reprises le conducteur. Chais pas, les gens, on dirait qu'ils préfèrent laisser un bras à Saint-Lazare qu'y rester en entier.
    C'est une certaine logique. A laquelle je ne souscris pas, je m'empresse de le dire. Je tiens à tous mes morceaux, et si l'un d'entre eux est menacé de devoir rester derrière, tous les autres font front (ce qui fait d'ailleurs que je suis un peu speed le lundi matin, où je suis régulièrement confrontée à ce genre de choix. Heureusement, la prof de bulgare prend la même ligne, et visiblement, elle est aussi saine d'esprit que moi, et donc tout aussi en retard. Fin de la parenthèse).
  Où en étais-je? Ah oui, donc, au moment où les portes du métro sont tant bien que mal refermées après qu'un ultime kamikaze ait réussi à faire pénétrer l'ensemble de sa masse corporelle dans l'habitacle, *POP*, ma misanthropie bascule. Et je met à rigoler comme une conne, et à blaguer avec mon voisin et la dame à qui j'ai ouvert le passage. Et à fournir gentiment des informations top secrètes genre "ce soir, il y a match au stade de france" au mignon petit couple qui se trouve à ma droite. Bref,on s'amuse comme des petits fous. Liège, y un malin qui descend, évidemment y en a un qui monte aussi, normal, mais le deuxième devait être moins gros que le premier, pask'on se sent plus à l'aise. Et puis arrive la station Place de Clichy, dernière correspondance avant le stade. Renouvellement partiel de population, ca devient complètement dingue, on entre dans une autre dimension, où la matière (humaine, en l'occurrence) est compressible à l'infini. Notamment lors des coups de freins généreusement administrés par le conducteur. Je m'excuse compulsivement auprès du jeune homme coincé derrière moi contre le strapontin. Sans lui avouer que dans d'autres conditions, j'aurais très volontiers fait connaissance avec lui. Il me semble qu'entamer une relation en écrabouillant impitoyablement (quoiqu'involontairement) l'autre n'est pas la meilleure façon de lui assurer une longue vie. A la relation, je veux dire, pas au gars. je ne crois pas, quand même, avoir porté atteinte à son esperance de vie. En plus il a de la chance que je me classe dans la catégorie "moelleuse", j'aurai pu, en plus être toute osseuse, et là, il aurait souffert. Bref, je suis aux anges. Bon évidemment, deux stations avant la mienne ca commence à se gâter, paske des portugais ont refusé de descendre momentanément pour laisser passer quelqu'un qui voulait vraiment descendre, et le quelqu'un en question était assez remonté. Enfin bon, je suis descendue allègrement du wagon, après avoir souhaité bon courage aux infortunés pour qui le calvaire continuait, j'ai fait trois petits bonds pour me dégourdir les papattes, et je suis sortie à tout berzingue de la station, pour profiter de l'air frais de Saint-Ouen. Et j'ai remonté, manteau, cheveux et écharpe au vent, ma rue, avec le Sacré-Coeur en plein dans ma ligne de mire (et ca m'a même pas mise de mauvais poil, c'est dire), jusque chez moi. Avec un peu de chance, je vais ptet arriver à faire quelque chose de ma soirée.

    Chuis grave, quand même.

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Oh, et il y a une nouvelle critique sur 3p, grâce à Crooke, bénissons là :)

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Commentaires
S
Métro, boulot, dodo.<br /> Sauf qu'ici, on n'a pas de métro.<br /> Je compense par du dodo.<br /> Ou du boulot, mais c'est plus rare.<br /> :)
S
Voilà que l'oeil ensommeillé l'on s'embarque à bord du blog de Melle Moi, ... et que l'on se retrouve avec une déformation prolongée des zygomatiques...( et aussi ceux qui sont à l'interieur-dedans de la tête). C'est pas vrai ça ! on m'avait pas dit que c'était dangereux à ce point les blogs...<br /> Mouarf...
C
...Claudel, un cocktail : ça ferait le même effet?<br /> <br /> <br /> (...)<br /> <br /> <br /> Mais pourquoi que y mettent pas : "dangereux pour la santé, à consommer avec modération", sur les dossiers d'inscriptions d'agrég?
A
Tout ça c'est une quête de la transcendance. La symbolique de la croix. L'opposition entre la linéarité de la rame de métro, et la compression verticale du supporter, entre l'horizontalité de la perspective de ta rue et l'élévation vers le ciel du Sacré-Coeur. La croisée de l'expérience de la temporalité à travers les conditions extrèmes du trajet, et de la spatialité des corps entassés...<br /> <br /> Comment ça, j'ai abusé de Claudel ? Non, Messieurs-Dames, je suis allée boire un cocktail !
M
Ben en fait ça dépend du loup.<br /> <br /> J'connaissais un loup édenté qui blabla et blabla...<br /> et balivernage et vernaculisserie, et patapouf et rantan...<br /> ............ ouais uais..... nan mais..... avec la main.....non il n'avait plus de.....crocs.....magnon ?
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