Des risques de la gastronomie
Hier, j'ai vécu une
expérience mystique. Un de ces rites initiatiques qui vous fait penser
que quelqu'un, une entité supérieure, quelque part, a décidé que votre
vie méritait d'être sauvée, et que vous méritiez de passer avec succès
cette épreuve . Reste encore à trouver ce qu'il attend de moi, le
quelqu'un en question, paske je le dis tout net, moralement, je ne
crois pas être prête à sauver le monde, encore.
Bref, tout ca pour dire qu'hier fut le jour d'une expérience grandiose. Que je vous raconte...
Nous avons l'habitude, avec mes copains parisiens, Indri, Jian
et Vince (nouvellement nicknamé Generative Dorine), d'organiser des
ripailles tous ensemble, bien souvent le week-end. Nous avons ainsi déjà
fait des après-midi crêpes et galettes des rois, des soirées
indonésiennes, japonaises, des raviolis chinois, raclettes, fondues
savoyardes en tout genre. Et sur mon insistance, hier, nous avons fait
une fondue chinoise. Je gardais en effet un souvenir très sympa de celle que j'avais mangé il y
avait quelques mois dans un resto chinois, avec un pote de mon frère.
Et donc je me disais qu'avec une amie chinoise dans notre groupe, ce
serait idiot de ne pas en profiter. Jian n'ayant pas trouvé les épices
adéquates dans le quartier chinois, elle les a fait envoyer par sa
mère, de chez elle, ce qui a repoussé un peu notre soirée-fondue
chinoise.
Bref, hier, l'heure avait sonné. On s'était
partagés les ingrédients à acheter, Indri et moi on a été trainer dans
le 13° pour trouver juste les bonnes nouilles chinoises aux oeufs qu'il
fallait, tout allait parfaitement.
Pour ceux qui ne
connaissent pas, je fais une pause explicative: la fondue chinoise, ca
consiste à faire tremper plein de trucs divers et variés (hier:
lamelles d'agneau, feuilles de salade, champignons, surimi, tranches de
pommes de terres, nouilles chinoises) dans un, ou plus généralement,
deux bouillons (l'un épicé, l'autre pas). On met les choses dans un
certain ordre, pasque certaines ont besoin de tremper plus longtemps
que d'autres. Il parait qu'en Chine, ils boivent ca avec de la bière,
mais Jian ne nous avait pas prévenus, donc on avait pas pensé à la
bière (enfin j'avais 50 cl de bière chinoise dans mon frigo, mais ca
suffisait pas pour 4, donc on a laissé tomber).
Donc
voilà, on prépare tout, on épluche, on coupe, on tranche, on laisse la
chef touiller la tambouille. Et on s'attable.
AAAAhh le truc de brute !!!
Petite précision: je ne crois pas avoir la réputation d'être une
mauviette quand on touche au sujet de la bouffe. Il n'y a quasiment
rien que je n'aime vraiment pas, et je suis capable d'avaler un certain
nombre de trucs jugés immangeables par d'autres. En particulier tout ce
qui est acide (le vinaigre, par exemple, j'adoore le vinaigre, tout
seul comme ca :D) ou épicé, j'adore. La harissa, le wasabi, le
gingembre mariné, l'huile pimentée qu'on colle sur les pizzas, tout ca..
Mais là, j'ai trouvé mon maître.
Après avoir gouté son bouillon pour la première fois, Jian,
l'ayant jugé très fort (mais en général, elle aime pas trop ce qui est
fort, justement, alors je me suis pas fait trop de souci), l'a coupé
avec un peu d'eau, et a rajouté une grosse cuillère de miel dedans.
Vince a gouté avec le bout d'une baguette (une mini-goutte, quoi), il
est devenu tout rouge. Donc, évidemment, j'ai voulu faire ma
warrioresse, et j'ai gouté aussi. Ai commencé à dire "Boah vous
charriez c'est pas fort du t.... aaaaaaaah un verre d'eau
viiiiiiiteeeeeeeeeeeuhhhhhh!"
Au début on ne sent rien du tout. Et puis 4 secondes et demie après, on appelle les pompiers.
"Pas de problème", on se dit, "on va s'habituer" (faut dire
qu'on se tapait déjà depuis 10 minutes un assortiment de cacahuètes
épicées qui nous avaient mis en bouche ..). Enfin j'ai quand même été
changer mon sous-pull et mon gros pull pour un grand tee-shirt. Et j'en
ai refilé aux filles aussi. Ca faisait un peu soirée pyjama (encore une
remarque de mec, entre parenthèses)
Et ben
on s'habitue pas. Ce qui fait que nous (enfin sauf Jian, évidemment,
qui a l'habitude) avons tourné a environ trois verres d'eau par
bouchées.. Au début, l'agneau nous avait semblé insurmontable. Mais
quand on a vu arriver le surimi et la salade (des vraies éponges), on a
pleuré pour avoir encore de l'agneau à la place. Quant aux champignons,
qu'on avait mis tout au début, et qu'on a mangés tout à la fin, il n'y
a même pas de mots.
En plus c'était bon, vraiment.
Mais alors, les lèvres et tout leur contour en feu, la bouche
désintégrée, et l'oesophage troué par endroits. En fait, ce qui a un
peu tout gaché, c'est qu'on s'y attendait pas, donc on a bu beaucoup de
flotte au début, et du coup à la fin, on avait plus faim. Or c'est
justement le moment où Jian a consenti à rajouter de l'eau dans le
bouillon, et où c'est devenu tout a fait mangeable (enfin en
comparaison, hein, paske ca reste fort, quand même). Donc j'ai pas bien
profité de la fin du festin. En même temps, je m'en fiche, paske comme
ca se passait chez moi, c'est moi qui ai les restes, et donc ce soir,
je remets ca :D
En tout cas, le fait est qu'avant
de commencer, on toussait et reniflait tous, grippe parisienne oblige,
et qu'au bout de 5 minutes, on avait tous le nez parfaitement débouché.
Par contre, rien que renifler la vapeur du bouillon, ça suffisait à
nous faire tousser.
(dialogue en substance)
Vince: c'est vachement bien, ca va tout désinfecter sur son passage, ca doit être un excellent antiseptique!
Moi: Ouais, c'est sur, quand on a plus de gorge, il y a plus d'infection non plus. C'est radical, comme guérison.
Indri: Ptain, même **** (looongue histoire) ne m'a jamais fait autant pleurer.
Vince: Pas de souffrance physique, en tout cas.
Nan, le truc cool, c'est que devant tant de douleur, on s'est
tous mis à produire un flot massif d'endorphines, et donc, la soirée a
été très gaie :D Genre je n'ai bu qu'un verre de vin, mais les épices
ont sufffi à me rendre aussi gaie que si j'en avais bu trois ou quatre
(je ne tiens pas très bien l'alcool, je rappelle). Vincent et moi on a
fait un concours d'yeux blancs (lui il les fait en regardant en bas,
moi en haut) et je me rappelle m'être planquée sous mon bureau pour ne
pas être prise en photo assise par terre (ca a raté, d'ailleurs :D) )
Bref, j'ai trouvé un nouveau truc à rajouter sur la listes des choses "A ne pas oublier de faire subir à mon pire ennemi". Hinhin.