La série continue
Je vais devoir déménager.
Me barrer de mon appart en courant, après avoir pris la peine, quand
même, d'en fermer la porte, histoire que ces PSYCHOPATHES d'objets
quotidiens ne puissent pas s'enfuir et aller conquérir le monde en
soumettant d'autres pauvres humains à leur loi implacable. Vous avez vu
les Oiseaux, de Hitchcock, et vous avez eu peur? Ben, là, pareil.
L'étagère, je l'ai réparée, remise en place, calée, et
re-remplie. Elle moufte pas. Pas folle la guêpe. Elle sait qu'à la
moindre incartade, elle finit sur le trottoir. (Au sens propre. Dans
mon quartier, quand on a un truc encombrant dont on veut se débarasser,
on le colle sur le trottoir, et la municipalité l'embarque pendant la
nuit. Ou alors c'est la petite souris, je sais pas.)
Du coup, la petite maligne s'est trouvé un chevalier servant. Un
complice qui fait les conneries et les coups en vache à sa place, et
que je ne peux pas mettre sur le trottoir, paske 1) il est trop lourd,
et 2) j'en ai besoin.
J'ai nommé: le frigo.
Ce connard m'a congelé tout son contenu. Le frometon, les
mousses au chocolat, mon tupperware de salade, mes fraises, tout, sauf
le bac à légumes, et encore. Et quand je l'interroge, il me répond,
l'air mi-ennuyé, mi-goguenard: tu comprends, d'un coup, la température
de l'appartement a grimpé très fort, alors j'ai compensé, j'ai mis un
coup de collier, et bon.. je me suis un peu emporté, quoi.
Je suis en train d'essayer de décongeler ma salade sans la faire
cuire. C'est là que je regrette mon micro-ondes (celui qui fait le mort
depuis des mois, vous savez. M'en fous, maintenant, j'ai les sous pour
le faire réparer ou le changer).
D'aucuns diront
que je suis parano, que je laisse libre cours à mon délire de
pérsecution. Rigolez. Le jour où on me retrouvera congelée dans mon
frigo, j'en connais qui auront la conscience lourde, mais louuuurde.
J'ai peur. Et j'ai faim.