Des piles à lire.
Je n'ai pas de "pile à
lire". J'ai des piles de livres à rendre à leurs propriétaires, des
piles très transitoires de bouquins que je viens d'acheter et que je
n'ai pas encore intégrés à ma bibliothèque. J'ai des tas de livres en
cours ou tout juste finis au pied de mon lit, que je ramasse à peu près
une fois par semaine, quand je ne peux plus poser le pied à terre le
matin sans marcher sur un bouquin.
Mais je n'entasse
pas mes livres "à lire". D'abord j'ai pas d'endroit suffisament stable
et hors de portée du bordel ambiant. Faire une pile durable sur mon
bureau ou sur un des plans libres de la cuisine serait dangereux, ça
finirait toujours par se casser la gueule.
La pile
sus-mentionnée de bouquins tout juste achetés ne correspond pas à une
"pile à lire". Pour la bonne raison que j'achète souvent des bouquins
que je n'ai pas l'intention de lire tout de suite. Certains parce que
je les connais déjà par coeur, et que je voulais juste les avoir, parce
qu'ils me tiennent à coeur. D'autres, que je n'ai pourtant jamais lus,
que j'ai acquis parce qu'ils correspondent à mon idée d'une
bibliothèque 'idéale', ou qu'on me les a conseillés, sans que j'ai pour
autant l'envie de les avaler dans la foulée. Ils seront là quand
j'aurai besoin de les lire. Même si c'est dix ans plus tard.
D'une façon générale, je ne planifie pas ce que je vais lire. Je
farfouille systématiquement dans ma bibliothèque quand j'ai fini un
truc, même si j'ai deux ou trois bouquins prêtés par ma maman dans un
coin, qui attendent. Je réenvisage souvent tout le stock avant de me
décider :) La vérité, c'est que non seulement, je n'ai pas de "pile à
lire", mais je n'ai pas non plus de livres "à lire".
Quand je crie que je n'ai plus rien à lire, c'est un peu
comme quand les autres filles disent qu'elles n'ont rien à se mettre.
Ca n'a pas grand chose à voir avec la présence ou l'absence effective
de tout un tas de trucs dans leurs placard. Ou dans ma bibliothèque, en
l'occurence. C'est juste qu'il n'y a rien qui convienne dans l'instant,
au trou que j'ai besoin de combler. C'est pas pour me faire mousser, ou
pour être de mauvaise foi. C'est même souvent assez désespérant. Parce
que, souvent, ca échappe complètement à la sphère de la "prévoyance".
Ca me tombe dessus, point.