D'une perte
J'ai envie de gloser un peu sur un échange de commentaires qui a eu lieu chez Gamacé.
Elle y raconte la difficulté de "lâcher prise" après la perte d'un objet aimé. De comment c'est dur de se dire que c'est irrémédiable.
Sa note, et le commentaire de Delest (ouais, allez voir directement, ça sera plus naturel que si je raconte tout), m'ont évoqué une anecdote liée à la perte d'un objet que j'aimais.
Le soir du premier rendez-vous qui allait donner lieu à ma première vraie histoire après 6 ans de célibat (rien dans la tête, rien dans le coeur, messieurs-dames), j'ai perdu le châton de la bague que je portais au doigt. Au moment où les portes du RER se sont refermées, le garçon avec qui j'étais sur le point d'engager quelque chose (mais quoi?) d'un côté, et moi de l'autre, j'ai baissé les yeux sur ma main droite, et constaté que la pierre était tombée.
J'ai été très triste, après avoir été très bien pendant toute la soirée. Mais je crois que ce moment de basculement dont parle Gamacé, le moment où on renonce pour de bon à l'objet perdu, est venu très vite. Je crois que j'ai pensé qu'au fond, s'il fallait en passer par la perte d'une bague aimée pour avoir le droit de recommencer à faire marcher un peu mon coeur, c'était un prix acceptable. Voire, peut-être, que c'était quelque chose dont il fallait être reconnaissante.
Parfois, je me dis que c'est juste de la superstition, un truc pour me réconforter.
Et puis je me souviens que je savais pertinemment que la pierre était branlante. Que j'ai décidé de porter cette bague précisément ce soir-là, alors que j'avais fait des efforts pour ne pas m'apprêter particulièrement (jean-débardeur noir, plus simple tu meurs.). Que cette bague, il n'y avait aucune chance de pouvoir la remplacer, puisque mes parents me l'avaient ramenée d'Inde.
Et que pour commencer cette histoire, il fallait effectivement en passer par la case du renoncement, et accepter de commencer à laisser tomber cette chose à laquelle je tenais tellement: le sentiment que je suis mieux seule. Alors perdre la bague, à côté de ça, et même si j'y étais très attachée... peut-être que ça préfigurait le sacrifice que j'ai, ce soir là, décidé de faire.