Du festival d'Avignon (1)
Alors voilà, je
suis de retour chez moi. J'ai retrouvé avec délices le métro moite et
surpeuplé, les quatre étages de mon immeubles, mon frigo vide, les
djeuns enthousiastes (pour ne pas dire bruyants :) ) du trottoir en
face, ma connexion haut-débit-qui-marche. Bref, chuis rentrée à ma
maison.
Et là j'avais promis de raconter Avignon. Sauf
qu'évidemment, c'est pas si évident. D'abord pask'avec Amarante, on a
vu une bonne douzaine de pièces. C'est jamais évident de raconter un
spectacle (enfin moi je trouve jamais ça facile, en tout cas), alors
douze, vous voyez le tableau. Alors ça viendra en vrac, ce ne sera
certainement pas exhaustif, et ça remplacera pas l'expérience. Voilà,
vous êtes prévenus.
D'abord je me rends compte que
j'ai du oublier de préciser un truc important. Le festival d'Avignon
qu'on a fait, c'est le Off, bien sur. Pas le In. On a beau être
d'affreuses snobs, 1) on est pas riches, et 2) le concept pour le
concept, ça nous rase. Surtout que d'après les critiques que j'ai lues,
cette année, ils faisaient très fort, au In.
Donc, pas
de ce pain là pour nous. Nous ce qu'on aime, ce sont les spectacles qui
nous font rire aux larmes, ceux dont le texte et les acteurs nous parlent. Zoulies
histoires ou histoires terribles, mais faut que ça nous parle.
Un seul spectacle nous a un peu décues: une pièce qui s'appelait "Roxane de Bergerac",
un genre de revisitation de la pièce de Rostand, qui en intercalait les
passages-clés, dans un monologue de Roxane 15 ans plus tard. Les
morceaux de Rostand étaient bien joués, mais alors le reste (écrit par
la dame qui jouait Roxane, elle même), c'était pas terrible. D'abord
c'était des mauvais vers, très limite sur le plan de la syntaxe, avec
parfois des contresens sur l'histoire. Ensuite c'était dit avec des
grands trémolos dans la voix, et une césure à la fin de chaque
alexandrin, complètement artificiel. Quand on arrive à la fin de la
phrase, on a oublié le début. C'est le tout premier spectacle qu'on a
vu en arrivant, heureusement, on s'est rattrapées ensuite.
Dans l'ensemble le reste nous a plu. Bon, l'un des spectacles, intitulé "Shakespeare le défi"
était assez.. comment dire... déstabilisant et un peu bourrin (la poupée gonflable qui explose après avoir joué dans Titus Andonicus, par exemple). Mais drôle.
Chuis pas sûre qu'Amarante ait énormément aimé, faudra qu'elle vienne
dire elle-même ce qu'elle en pense, mais moi j'ai pris un certain
nombre de fous-rires. Tout en étant intérieurement un peu horrifiée
quand même. Pauvre William :D. Le clou du spectacle à quand même été le
moment où les lumières se sont éteintes et où ils ont aspergé la salle
au tuyau d'arrosage. J'ai pris le jet en plein dans la gueule, un vrai
plaisir :). Tout ca sous prétexte que la salle avait pas assez la
trouille quand on lui montrait les horreurs de certaines pièces. C'est
leur faute aussi, z'auraient pu choisir certains passages de Titus Andronicus, ou bien l'aveuglement de Gloucester dans le Roi Lear. Z'ont été trop soft.
On a vu un seul "vrai" Shakespeare, La Tempête.
Vraiment pas mal, mis à part que Prospero bafouillait de temps à autre,
ce qui cassait un peu la majesté du personnage. Mais sinon, une mise en
scène vraiment intéressante, de bons comédiens et puis une conception
de décor maligne.. paske c'est pas évident de jouer cette pièce et les
élements magiques qui s'y trouvent sans avoir l'air plouc ou
carton-pâte. Et pis cette pièce, c'est tout une histoire. Ni Amarante
ni moi on ne l'avait jamais vue sur scène. L'an dernier on a failli la
voir ( à Avignon, justement, le dernier soir de notre séjour), en
anglais. Mais on a crevé un pneu (encore un truc qu'il faudra que je
vous raconte, à l'occasion), et on a pas pu y aller. En revanche, on
avait vue en hypokhâgne, la version de la BBC. Kitchissime comme toutes
les adaptations BBC de Shakespeare dans les années 80. Avec un Ariel
entièrement peint en doré, quasi nu,et franchement effeminé. Je vous
assure que son "D'you loooove me Maaaaaaaaaster" retentit encore
régulièrement, pas loin de cinq ans plus tard, dans les conversations
de certaines vieilles filles :)
Bref j'étais bien
contente de la voir enfin sur scène. Enfin j'aurais préféré la voir en
anglais, mais faut s'asseoir sur son snobisme, et ne pas bouder son
plaisir :)
Voilà, ... la suite au prochain épisode
(faut encore que je parle de la Commedia dell'arte, d'adaptations de
très beaux textes courts, de spectacles musicaux, et de Demodocos. Gros
programme :D )
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Les mots sur la musique: "J'ai pensé Il faudrait/Traîner quelque temps chez Gibert" Veruca Salt et Fanck Black, Vincent Delerm. (deux remarques sur cette citation: j'ai plus rien à lire, et j'ai toujours pas vu Charlie et la Chocolaterie. Damn.)