De la fiction
A quatre ans, je
projetais (haut et fort, à cors et à cris) de ne jamais apprendre à
lire. Je refusais que mes parents arrêtent de me lire des histoires le
soir. Cette résolution n'a pas fait de vieux os. Heureusement. J'ai
déjà dit ici, je crois que mon attitude face à la lecture méritait la
qualification de "vorace". Non seulement j'avale les bouquins à toute
allure (trop vite, certainement), mais en plus je passe ma vie à lire.
En général, les gens me repèrent pasque je me pointe toujours partout
avec un bouquin à la main. Pour vous donner une idée, quand j'ai plus
de nouveaux bouquins sous la main, je remonte n'importe quelle connerie
distribuée à la chaîne dans les boites-aux-lettres: lecture du
petit-déj. Un jour faudrait que je fasse des stats sur le temps que je
consacre à l'activité "lecture", en cumulé, sur une journée, une
semaine, un mois...
Tout ca pour dire, que les
bouquins font partie de mon existence à peu près au même titre que le
sommeil et la bouffe (et c'est pas peu dire. D'ailleurs hier, j'avais
plus rien à lire et plus rien à manger, j'ai été à la bibliothèque, et
pas au supermarché. Très malin, oui je sais.)
Mais
je n'ai jamais été capable (en tout cas pas depuis trèèès longtemps),
comme certaines personnes, de m'abstraire complètement de ma vie à moi
pour devenir partie intégrante du récit. Ce que je lis peut me
transporter, ou influer phénoménalement sur mon humeur, ca oui. Mais je
m'identifie pas au premier degré (ouais sauf quand je rêve que j'épouse
Darcy, mais c'est un cas particulier, hein). La plupart du temps,
j'admire beaucoup les gens qui font des jeux de rôles. Mon frère, par
exemple. Il a une capacité à entrer dans un monde créé par d'autres qui
me stupéfie. Quand il me raconte des passages du jeu, il le vit. (Il le
mime, en fait. Il est doué, même). Il m'arrive d'être un peu
monomaniaque à propos de certaines fictions, mais j'ai jamais
l'impression d'y entrer autrement que comme spectateur.
Ca ne m'empêche pas, loin de là, d'avoir besoin de fiction.
Particulièrement depuis ma sortie de prépa, d'ailleurs. Ma bibliothèque
à du augmenter de pas loin d'un quart pendant l'année qui a suivi. Un
genre de carence à compenser, certainement. Et en ce moment, c'est
pareil. Je me suis permis très peu de distractions pendant un mois et
demi. Enfin non, y avait quand même internet, qui comprend une certaine
part de fiction et de lecture, quand même, faut pas exagérer. Mais le
problème, c'est que je vais beaucoup plus vite que les auteurs sur
internet, ca aussi, c'est horriblement frustrant.
Résultat, j'aurai fini demain les bouquins empruntés à la biblio
mercredi soir (ouais enfin sauf les trucs de linguistique, mais c'est
un autre genre de fiction, ca :) ). Je veux qu'on me raconte de zoulies
histoires, ou des histoires terribles. J'ai envie de rire, et j'ai
envie de pleurer aussi (ce que je ne prive jamais de faire quand la
lecture s'y prête, je suis une lectrice TRES sensible :) )
Et puis, j'ai quinze mille envies de DVD (ai acheté Mina Tannenbaum mardi), de films au cinéma (ai vu La Maison de Nina,
avec Agnès Jaoui, aujourd'hui. Ai eu les larmes aux yeux pendant tout
le film, je devais avoir une sale gueule de zombie en sortant). Hier
soir, je me suis repassé La Belle et la Bête (celui de
Disney, oui, c'est à ce point là ), avant de m'enfiler un épisode d'une
série bien glauque, et du coup, après, ai lu de la science-fiction pour
ne pas faire de cauchemars.Tout à l'heure, j'ai regardé une partie de Pride and Prejudice
(la mini-série de 1995, pas la pantalonnade de 2005), et ptet, je le
relirai cette nuit. J'en viens à bénir le métro, paske je peux y passer
des heures à lire, sans avoir de remords, parce que c'est du temps où
je ne peux rien faire d'autre.
C'est
toujours comme ça, quand pendant une certaine période, je suis privée
d'histoires. Finalement, j'ai pas beaucoup changé, en 18 ans....