De mes mains.
Mes mains, elles sont un
peu comme moi. Un peu courtes, dodues, assez souples et douées pour
certaines choses, irrémédiablement empotées pour d'autres. Sur un
piano, elles jouent tranquillement une octave, et plus en tirant un
peu, presque 22 centimètres en extension maximale, du bout du pouce au bout du petit doigt. A l'adolescence,
après avoir fait du piano pendant quelques années, puis de
l'équitation, j'avais les mains très musclées. Maintenant, elles sont
franchement molles, je ne peux plus écraser la main de mon père ou de
mon frère en la serrant.
Mais elles sont encore
capables de faire des trucs utiles, mes mains, attention. Chacune
d'elles peut très bien tenir un bouquin et en tourner les pages pendant
que l'autre fait autre chose, tient une fourchette ou des baguettes, ou
s'aggripe à la barre du métro, par exemple. Ou bien courir sur les
touches de mon clavier (mon frère trouve que je tape comme une brute,
d'ailleurs... ptet une réminiscence du piano, ou d'un ancien clavier
d'ordi trop dur, qui sait.)
Depuis des siècles, elles
connaissent des jeux idiots. Ceux avec une ficelle ou un élastique, ou
une pièce de monnaie. Ceux qui exercent leur souplesse: passer de la
position 1 -index et majeurs joints d'un côté, annulaire et auriculaire
de l'autre- à la position 2 -majeur et annulaire joints, les autres
doigts écartés au maximum- , puis à la position 3 -index, majeur et
annulaire joints, auriculaire écarté-, et continuer ad libitum,
dans n'importe quel ordre. Ou bien plier le pouce dans le dos de la
main. Ou d'autres encore (j'en ai encore appris un, l'autre jour, de
truc idiot à faire avec ses doigts. Merci à mon tonton Dominique :D En
échange, j'ai appris à ses petites filles un jeu (de scout,
subodorai-je) où on tape en rythme sur la table le plus fort possible,
suis sûre qu'il va en entendre des échantillons pendant longtemps :D.)
Elles se tiennent rarement tranquilles, mes mains. Elles
pianotent des trucs qui, mis en musique, ne donneraient absolument
rien, elles gribouillent, elles craquent leurs articulations, elles
croisent leurs doigts, les décroisent et les recroisent autrement.
Elles tripotent mes cheveux, mon visage, mes ongles, le contenu de ma
trousse, les pages d'un bouquin, ce qui traine au fond de mes poches,
tout ce qui leur passe sous les doigts, en somme. Elles claquent des
doigts, tambourinent sur la table, s'agitent en rythme dès que passe
une musique qui s'y prête. Elles tressent, chatouillent, massent,
calinent. Frappent aussi parfois, mais c'est assez rare (enfin si on
compte pas mon frère dans les statistiques :D)
Elles
sont pas très coquettes, mes mains. Elles portent rarement de bracelets
ou de bagues (sauf depuis quelques jours, puisque j'ai craqué devant
celles fabriquées par ma cousine). Elles sont marquées de fines
cicatrices blanches, vestiges de batailles endiablées avec mes chats,
il y a longtemps. Elles ont souvent les ongles courts, impitoyablement
rongés lors des séances d'emmerdement intense (il m'arrive de rentrer
dans un cours les ongles longs, et d'en sortir les ongles courts deux
heures plus tard). Ces derniers temps, j'ai essayé de les laisser
pousser un peu, ces foutus ongles, pour voir, mais l'art de la
manucure, c'est un truc qui m'est profondément étranger. Leur
implantation les fait partir en s'élargissant trop, ils cassent, se
fissurent au moindre accrochage (et malheureusement, vu que je suis pas
douée, ils sont nombreux). Et puis, quand j'écris trop longtemps à la
main, j'ai le bout de l'index et du majeur droits qui s'applatit.
Carrés au bout, ils deviennent mes doigts. C'est n'importe quoi :)
Je les voudrais plus longues, plus élégantes, plus douées, plus
plus. Mais je dois bien admettre que, telles qu'elles sont, elles sont
plutôt en harmonie avec le reste de ma petite personne.