De mes larmes
Etant donné le succès
rencontré auprès de mes lectrices dans les commentaires d'une
précédente note, je me suis dit que j'allais développer le sujet.
Alors voilà. Je pleure. Pas
là-tout-de-suite-maintenant-incontinent, non non. Mais souvent, quand
même. Non que je sois une dépressive chronique, enfin si, peut-être,
j'en sais rien (mais je crois pas, quand même.)
Mais quand même, je pleure souvent. Les petits coups de blues (et a
fortiori les gros) s'extériorisent très facilement chez moi. Parfois même, quand je suis très fatiguée, et que je suis
juste pas très bien, sans trop savoir pourquoi, ce ne sont pas des
sanglots. Juste des larmes qui coulent, pendant que je fais autre
chose, que je parle, que je chante, que je me tais. La contrepartie de
ca, c'est que les coups de blues, ils durent pas trop, ils s'en vont comme ils sont arrivés.
Quand j'habitais chez mes parents, et que mon chat était dans la
pièce à un moment où je fondais en larmes (ce qui à une période m'est
arrivé beaucoup, vu que j'ai passé une bonne partie de l'année de mes
quinze ans à chialer dans ma chambre avec mon chat), elle s'approchait
de moi en faisant des mrouuuu meow ronronnants qui ressemblaient à des
encouragements, ou des paroles de consolations. Et puis, d'un coup,
elle me mordait. En général le nez. L'odeur des larmes, sans doute, je
sais pas. Mais ce que je sais, c'est qu'en général, ca provoquait un
redoublement de larmes (la douleur) doublées d'irrésistibles
pouffements (le ridicule de la situation). Ma maman et mon frère sont
aussi très doués pour me faire rigoler quand je pleure (mais eux, ils
ont pas besoin de me mordre, en général. Sinon, je crois que je
pleurerais moins souvent.). Ca provoque toujours des états tout
bizarres. Genre vous essayez de vous poser en statue de la désolation
(ou pas, ca dépend du type de crise de larmes), et y a un gros malin
qui vous oblige à ricaner en même temps. Et la tête que ca me fait, je
vous raconte pas. Enfin si, en fait, je vous raconte, y a pas de raison de vous priver de ce grand bonheur.
Le nez, les pommettes et les yeux
rouges (et gonflés, les yeux) (ouais paske je suis pas du genre à pleurer élégamment et à
essuyer vaguement une petite larmichette au coin de l'oeil, chez moi,
c'est plutôt le niagara) le front plissés, les coins de la bouche qui
remontent implacablement, et qui tremblent tellement vous essayer de
les en empêcher.
Et puis y a les bruits,
"bouhouhsnif pffffftttt snif pffttttt PRFTTTTTTT (mouchage) pffffft
ouahahahahah t'es chiant(e) laisse moi pleurer, bordel".
Ca doit être pour ça que mes parents et mon frangin sont mon
public préféré, quand j'ai besoin d'un vis à vis. Ou d'une ouïe à ouïe,
puisque depuis quelques années, tout ca se passe principalement au
téléphone. Le nombre d'heures que j'ai dû passer en cumulé à pleurer,
avec mon papa, ma maman, ou mon frère (ou mon chat), silencieux, à l'autre
bout du fil. L'interêt principal étant que je me reprends plus vite
quand je me rends compte que je fais chier quelqu'un que quand je
pleure toute seule chez moi :D (enfin non, c'est pas vrai, y a pas que
ca..).
Toujours est-il que je ne pleure pas avec
n'importe qui. Y a des gens à qui ca fait peur. Qui pensent qu'une
éruption lacrymale est le symptome d'un effondrement. Y a aussi ceux
pour qui pleurer, c'est se montrer faible (le truc malséant entre
tous). Donc non, pas avec tout le monde. Pas devant n'importe qui. Du
coup, certains ont l'impression que je pleure tout le
temps. Ce qui n'est ni tout à fait vrai, ni tout fait faux. Par
exemple, quand je vais chez ma soeur, on finit toujours par parler de
famille, et immanquablement, je chiale. Souvent pour des histoires qui
ne me concernent pas directement, en plus. Pareil quand, plus petite,
je parlais avec ma maman de son histoire à elle.
Parce que la vraie malédiction, en fait, c'est que je pleure AUSSI
quand je ne suis pas la principale concernée. Je sais pas si c'est ca,
l'empathie, mais alors chez moi, c'est caractérisé. Si j'ai
l'impression que l'autre souffre, ou que je souffrirais dans sa position
(et donc, par exemple s'il est privé de quelque chose dont j'ai
conscience de profiter (comme par exemple d'une histoire familiale
tranquille et heureuse, pour caricaturer)), j'ouvre les vannes. Et
évidemment, je supporte très difficilement les larmes des autres. Enfin
si, je les supporte très bien, juste, je chiale aussi. Elles ne me
dérangeant pas, elles ne me font pas peur, ne me dégoutent pas, ne
m'empêchent pas d'écouter. Juste, je suis obligée de me mettre au
diapason. C'est parfois assez gênant, mais bon, j'y peux rien.
Même au ciné, d'ailleurs. Avant, je me démerdais pour rester
stoique au ciné, et je chialais des mois plus tard, devant la télé, en
regardant les mêmes films. Depuis quelques années, j'ai décidé que, vu
le prix des places, j'allais arrêter de bouder mon plaisir, et donc, je
pleure comme une madeleine à la première occasion. Quand je suis allée voir Million Dollar Baby,
avec une amie qui est la retenue même, j'ai pleuré en continu pendant
toute la deuxième moitié du film. Je crois bien que je lui ai fait peur
:D.
Ca m'est même arrivé d'aller au ciné dans
l'intention expresse de pleurer (La chambre du fils, que j'ai vu avec
Amarante, un jour où aucune d'entre nous n'avait le moral). Après tout,
je ne me prive pas de rigoler, y a pas de raison que je me prive de
pleurer. Pour moi, ca relève de la même relation à la fiction.
C'est la même chose qui me fait rigoler, commenter à haute
voix, ou pleurer devant un bouquin, d'ailleurs. Je suis vraiment un
très bon public. D'ailleurs, y a des bouquins, j'ai beau les connaître
par coeur, je pleure de la même façon, aux mêmes endroits, en les
lisant, depuis des années. La mort de Beth dans les 4 filles du docteur
March, tout le passage entre l'accident de Scarlett et la mort de Melly
dans Autant en emporte le vent (ouais, je sais, j'ai grave des gouts de
midinettes, mais pas que, heureusement :D). La douleur de Duras est un
bouquin qui me fait chialer quasiment de bout en bout. Et à ce titre
entre autres, il fait partie des livres que j'ai tendance à qualifier
d'essentiels.
Et puis si vous rajoutez à ca les yeux qui pleurent because le rhume des foins, ou la lumière trop forte en été, et les larmes dues aux fous-rires (assez fréquents aussi), vous réaliserez que j'ai les yeux humides les trois-quarts du temps (à ce propos, faudrait vraiment que je passe au maquillage waterproof).
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Bon, à part ca, les critiques que j'ai mises en lignes hier sur le Salon de Mme Verdurin portent sur des mises en scène de Père (August Strindberg), Nora ou la maison de poupées (Ibsen), Jules César (Shakespeare) (faut que je rajouter la critique d'Amarante sur les Vainqueurs, d'Olivier Py)
ainsi que sur les adaptations cinéma suivantes: Le songe d'une nuit d'été (Michael Hoffmann), Orgueil et Préjugés (2005), Charlie et la Chocolaterie (Tim Burton), Beaucoup de bruit pour rien (Kenneth Brannagh), Coup de foudre à Bollywood
Je sais pas encore si je mettrai en ligne des critiques de cinéma n'étant pas des adaptations d'oeuvres littéraires (Broken Flowers, De battre mon coeur s'est arreté, Edward aux mains d'argent, Garden State, Hero, Irreversible, La liste de Shindler, Le cerf-volant bleu, Les noces funèbres, Les poupées russes, Million Dollar Baby, Princesse Mononoké, Nausicaa ou la vallée du vent, Ray, Sin City, To be or not to be, Va, vis et deviens, et deux trois trucs de comparaisons entre des auteurs.). Après tout, je me dis que ca peut avoir sa place sur Le Salon. Vais voir.