"Anybody got any special request?",
"Anybody got any special
request?", qu'il demande, Johnny Cash, du fond des enceintes de mon
ordi. Tu fais bien d'aborder le sujet, Johnny. Moi, j'en ai, des
requêtes. Plein. Bon, OK, "spécial" n'est ptet pas
l'adjectif qui caractérise le mieux mes envies du moment.
Dans l'ensemble, ca reste même au ras de la pelouse qui pousse
devant les HLM en face de chez moi (pas l'ombre d'une pâquerette à
l'horizon, évidemment.)
Je voudrais que quelqu'un, s'il vous
plait, débranche les hauts parleurs qui beuglent de la musique dans ma
rue, toute la journée, en l'honneur des soldes, ou de l'été, ou de je
ne sais quoi. Les Dire Straits, passe encore. Mais quand après avoir
réussi à te traîner depuis l'autre côté de Paris jusque chez toi, la
tête dans les chaussettes, et les coudes de 50 inconnus dans les côtes,
à l'heure de pointe dans le métro, quand, donc, tu touches enfin au
but, et que tu te fais cueillir à la sortie du souterrain par Cloclo
vantant les mérites d'une célèbre ville d'Egypte, tu as du mal à
réprimer ta pulsion primaire de destruction du matériel ublique de
diffusion sonore.. Qu'on s'étonne pas si les banlieues se soulèvent à
nouveau cet été.
Je voudrais que le facteur ne planque
pas systématiquement sa flemme de monter les quatre étages et de sonner
à ma porte en cochant la case "vous étiez absent" sur le papillon qu'il
laisse dans ma boîte aux lettres, alors que je suis là 6 fois sur 7. Je
conçois qu'il n'ait pas envie de se taper tous les étages de tous les
vieux immeubles sans ascenseur de sa tournée. Mais je me tape déjà les
trois quarts d'heure de queue pour aller chercher mes paquets à la
poste centrale à chaque fois, j'aimerais être dispensée de sa mauvaise
foi.
Je voudrais que le frigo se remplisse tout seul
et surtout, ne se vide pas aussi vite, c'est jamais très bon signe.
Je voudrais que la CPAM me lache la grappe, et que les histoires
de sous et de remboursements avec le C*N*R*S se règlent vite, paske ca
m'angoisse un peu.
Je voudrais changer de tête, sans
avoir à me demander si je veux vraiment me couper les cheveux et
comment et pourquoi, sans avoir à me faire chier à acheter et faire le
henné. En fait, non, je voudrais changer de tête, littéralement. J'en
ai marre de celle-ci, intérieur comme extérieur.
Je
voudrais disparaître sous les draps, sous une pile de bouquins et de
dvd, ou retourner dans ma brousse, ou profiter de n'importe quelle
occasion de m'abstraire d'ici.