De Tim Burton
Et ben non, je ne viens pas vous faire une critique de Charlie et la Chocolaterie, je l'ai toujours pas vu.
Non, non, je viens seulement exprimer mes vives protestations à
propos d'un truc que je viens de lire dans un numéro de Sortir-Obs:
"Tim
Burton fabrique des obsessions étonnantes. Sa vision de "Batman" fut
jugée géniale par certains, agaçante par d'autres: la vérité, c'est
qu'il voulait transformer le Vengeur ailé en créature de Baudelaire, et
que Batman ne s'y prêtait pas tellement. Il y a du romantique allemand
chez Tim Burton: il s'imagine, la nuit, campé sur un rocher, la main
sur la hanche et la cape au vent, face à la Lune et au Rhin"
Bon, moi j'ai jamais lu les comics de Batman, et faut bien
admettre que faisant partie d'un des deux groupes de gens sus-cités, je
suis pas objective. Mais dire que Batman ne se prêtait pas à la vision
que Tim Burton en a, faut pas exagérer. Nom d'un chien, mais Batman,
c'est le héros romantique (au sens non-galvaudé du terme) par
excellence. C'est le plus humain de tous, il est empli de lui même, il
est nostalgique. Il se retrouve tout seul face à une civilisation qui
échappe à l'humanité et à l'humanisme, et il la voit à a travers le
filtre de l'imagination.
Je suis pas très sensible au
romantisme, en général. D'ailleurs dans Batman, et chez Tim Burton
globalement, le romantisme le cède toujours en partie au gothique (au
sens littéraire, là encore...). Ce côté complètement décadent et fin de
siècle, c'est assez terrible. C'est là, peut-être, que Baudelaire est
un peu en vue.
Y a qu'à voir. Le dernier Batman, il
était pas mal, pour un film d'action. Mais bon, sans cette touche
gothique, il reste que le romantisme. Et ca se rapproche davantage de
Chateaubriand, les cheveux dans le vent (enfin en l'occurence, c'est
plutôt les zoreilles de chauve-souris que les cheveux. De toute facon,
si la souris est chauve, pour les cheveux c'est vite vu.) que du
romantisme allemand.
François-René, vicomte de Chateaubriand, méditant sur les
ruines de Rome devant une vue du Colisée, par Anne-Louis
Girodet De Roussy-Trioson.
.
Batman méditant sur la ruine de Gotham :p
.
Sans compter les phrases
grandiloquentes et attendues, genre le "You'll never have to" (de tête)
de la fin. Vous me direz, ca va avec le genre. OK, mais Tim Burton, il
en a pas eu besoin, ptet tout simplement parce que ses "Batman" ne se
contentent pas d'être des illustrations de tel ou tel genre.
On peut aimer ou pas. Mais qu'on vienne pas dire que Batman ne
se prêtait "pas tellement" à ce genre de vision. J'en vois pas d'autre
qui s'y prêterait mieux, et je ne vois pas qui, pour l'instant a fait
mieux dans son interprêtation de Batman. Mais, encore une fois, j'ai
pas lu les comics, et j'ai peut-être une vue totalement biaisée par Tim
Burton, justement.
N'empêche.