De l'estime qu'un gamin peut avoir pour son vénéré prof. d'allemand.
La scène se passe mardi
dernier, pendant le cours d'allemand que je dispense à T., 14 ans. On
travaille sur les verbes et les prépositions de positions (ca fait
bizarre "préposition de position". Bon, les verbes de position et les
prépositions de lieu. Voilà.) L'exercice consiste donc à repérer, sur
une image, où se trouve tel objet, et à dire que l'objet pend au
miroir, ou est étalé sur le tapis, ou est debout sur la table (voui,
pask'en allemand, on précise le type de position en même temps que le
lieu, passons.)
Donc, évidemment, l'image représente
la chambre d'un adolescent typique, avec les rollers et le portable qui
traine par terre, une chaussette pendue au miroir et une casquette à la
lampe, la guitare posée n'importe comment dans un coin. Et là, le môme
(d'origine espagnole, j'ai pas de préjugés, mais je note, quand même.
Siss, c'est pas toi qui me contrediras), horrifié, ronchonne contre le
zouk qui règne dans cette pièce. Faut dire que le petit T. (pas si
petit que ca, d'ailleurs), il a déjà tendance à penser que, par
exemple, l'orthographe allemand à été inventée EXPRES pour l'emmerder.
Genre " "zwischen"? mais c'est super compliqué à écrire, un z ET un w,
c'est abusé". Donc il ronchonne contre le crétin de gamin imaginaire,
qui a laissé trainer son pull imaginaire sur le dossier de la chaise,
et qui lui inflige sciemment des souffrances bien réelles, elles.
Et je sais plus au détour de quelle connerie de ce genre, je lui
sors que moi aussi, je suis bordélique. Là il jette un regard fixe sur
l'image. Puis lève le nez, un peu interloqué, quand même. "Pas tant que
ça, quand même?".
Sur l'image, y doit y avoir moins de
cinq trucs qui trainent par terre (dans une chambre qui, telle qu'elle
est représentée, doit faire facilement la superficie de mon appart, si
ce n'est plus), et trois sur le bureau. Plus le pull sur le dossier de
la chaise. Et la chaussette et la casquette, là, ok, c'est un peu
exagéré.
L'est un peu naïf, le môme, quand même.
Chez moi, en ce moment, c'est une bauge (ca tombe bien, je suis cochon,
comme signe du zodiaque chinois :D ). Par terre, y a des livres, des
feuilles (beaucoup de feuilles, du brouillon, des ratés de mon mémoire,
des articles photocopiés), un exemplaire de mon mémoire de l'an dernier
sur Perec, des pubs à la con que j'ai lancé dans la poubelle (mais je
vise vraiment comme un pied), des vêtements (je ne détaille pas), mon
gros sac à dos, mon petit sac à dos, deux paires de pompes, une paire
de pantoufle, un bout de peignoir ayant dégringolé du fauteuil, lui
même recouvert delinge à repasser et de coussins en vrac, deux
bouteilles en plastique vide, quelques mouchoirs, un dico posé sur la
tranche. Et mon bureau repousse définitivement les lois de la physique:
théoriquement, les tas approximatifs auraient du se casser la gueule y
a au moins quinze jours. Je ne parle pas des trois mugs, quatre petites
cuiillères, sachet de bonbons à l'anis, feutres, pinceaux,
brûle-encens, barrettes, chouchous et élastiques en tout genre, ni de
tout le bazar qui ne rentre dans aucune des catégories précédentes.
Je me suis contentée de répondre, d'un air un peu mystérieux:
"Tu serais surpris", et de lui faire reprendre la conjugaison de hängen.
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edit, à une heure moins vingt.
Je comprends que les gens aient besoin de s'exprimer, et je trouve ca bien.
Je comprends que pour beaucoup, le mode d'expression soit d'ordre sonore. On chante, on cause, je trouve ca bien.
Mais klaxonner une demi-douzaine de fois toutes les 5 minutes (le temps de faire le tour du pâté de maison, j'imagine, puisque je ne vois personne stagner dans la rue), à partir de minuit et demi, je trouve ca PAS BIEN DU TOUT.
Ou alors le mec il est perdu, et il tourne dans le quartier, et comme il aime pas trop conduire la nuit, il klaxonne à tous les carrefours, pour être sur de pas avoir d'accident. La priorité à droite, la possibilité de freiner et de jeter un coup d'oeil, visiblement, connaît pas.
Je sais, je suis une vieille peau (avant l'heure) ronchon et rabat-joie, j'ai qu'à m'acheter des boules-quiès, et d'abord je suis même pas encore au lit, alors de quoi je me plains, hein, c'est vrai, ca ?
Oui mais euh non.