De mon chat
Aujourd'hui, j'ai le
blues. Mon chat, mon Isis, que l'on a du opérer il y a quinze jours
d'une tumeur mammaire, est en train de lacher la rampe. Et demain, sans
doute, mes parents la feront piquer (à moins que le véto revienne
miraculeusement sur les conclusions tirées à l'écoute des symptomes au
téléphone. Conclusions qui sont en général toujours les mêmes dans ce
type de cas.).
Alors voilà, je pleure. Ca veut rien
dire, remarquez, je pleure tout le temps, moi. Mais là c'est mon chat.
A moi. Depuis 12 ans. Elle a beau être con, parano, obèse, revancharde
parfois, c'est MON chat. Ou je suis SON humaine, tout dépend du point
de vue. Et je pourrai pas être là quand ils la piqueront. Ma maman a
posé le téléphone à côté d'elle tout à l'heure, et à peine j'ai eu dit
"mon chat", qu'elle s'est mise à ronronner péniblement.
Je me sens très con, parce que c'est qu'un chat, et qu'il y a
quand même d'autres raisons de chialer, dans le monde. Et puis j'ai un
peu honte, paske je ne crois même pas avoir pleuré quand on m'a annoncé
le dernier gros problème de santé de mon grand-père, qui aurait tout à
fait pu y rester. Et là je me transforme en fontaine pour un chat.
J'étais prévenue, pourtant, hein, depuis le jour où
l'opération a étéprogrammée. Mais on m'avait dit "peut-être quelques
mois". Jusqu'à ce que je la revoie une dernière fois, je ne sais pas.
C'est débile. Depuis que je suis partie de chez mes parents, avoir un
chat, ca me manque, au quotidien. Un chat dans l'absolu. La présence.
Les grandes discussions (si, ca parle, un chat), les calins, les
ronrons, les poils partout. Tout ca.
Mais là, c'est ce
chat-là, qui va me manquer, sans que je puisse me dire "bah, je ferai
des provisions de calin-chat aux prochaines vacances".
Alors voilà, aujourd'hui, je pleure. Cet aprèm, quand j'ai du
ressortir après l'avoir appris, contrairement à d'habitude, j'aurais
aimé qu'il pleuve, ou qu'il neige. Pour pouvoir pleurer bêtement dans
la rue, le nez rouge et les yeux explosés.
La masse informe, sous le duvet, c'est moi. La masse informe, sur le duvet, c'est elle.
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Les mots sur la musique:
" un coup d’blues
à vouloir effacer demain
un coup d’blues
à jeter son âme sous un train
un coup d’blues
à bouffer ses dents et ses poings
pour un coup d’blues
qui a pas l’goût du chocolat brun
le blues"
Chocolat Brun, Isabelle Mayereau