Mmmh. Finalement, j'ai eu pas mal de retours sur
Mmmh.
Finalement, j'ai eu pas mal de retours sur la note précédente, par
commentaire, mail ou de vive voix. Telle quelle, elle ne me plaît pas.
Pas l'impression d'avoir dit ce que je voulais, pas l'impression de me
faire comprendre. Je voulais pas faire de la récrimination féministe,
je voulais pas faire de liste de fillasseries, je voulais pas... bon.
J'arrive pas à le formaliser, et évidemment, vu que je suis moi, ça
m'agace au plus au point.
Et pis comme je cogite
beaucoup en ce moment, tout ça est assez mouvant et prend régulièrement
une place différente dans le bouzou. La tectonique des plaques,
subduction, éruption, tout ça.
Au fond, il y a
quand même un truc récurrent. Ce que j'appelle "insatisfaction,
inadéquation, manque d'identification".
Je dis "je
suis pas une vraie fille", "je suis pas identifiée à mon prénom", "je
suis pas juive", "je suis pas une prof", "je suis pas encore une vraie
linguiste", "je suis pas complètement là", "je suis pas une adulte",
"je ne suis ni de cette ville où vivent mes parents, ni de cette autre
où je suis née et où j'ai passé des années importantes, ni de cette
troisième où je vis". Je ne suis pas, quoi.
Le seul truc que j'identifie comme le vrai moi, c'est le moi-pas-beau, celui que les gens voient pas trop. Enfin ils le voient de plus en plus, j'imagine, depuis un ou deux ans. Je progresse.
La jalouse, l'envieuse, l'avide, la colérique, la dépressive.
Celle qui est verte, rouge, livide, choisissez messieurs-dames. Celle
qui tape du pied, celle qui, en tête à tête avec elle-même, envoie
chier en rageant ceux à qui elle choisit de ne rien dire en face. Celle
qui se trouve physiquement mal, et tremble, et a la nausée, les rares
fois où tout ça se fraye un chemin jusqu'à la sortie. Celle qui pionce
pendant des journées entières pour ne pas y penser. Celle là, oui,
c'est moi. Pour celle là, au contraire de toutes les autres que je pourrais être, j'ai pas besoin de me
poser des questions, de chercher des critères pertinents et de faire
des comparaisons; je m'y reconnais. Moi, moi, moi, du bout de
l'orteil que je m'éclate contre tous les coins de porte et pieds de
chaise quand je me sens coupable, aux cheveux que je fantasme de couper
quand je voudrais changer de tête. Ma peau qui proteste, ma respiration
entravée par des allergies, mon bide qui a décidé récemment que, tiens,
il pouvait jouer à "je sers de signal avertisseur, comme les autres,
après tout". Moi, quoi.
Je suis PAS sortie de l'auberge, les amis.