Des larmes d'une autre (pour une fois..)
Ce matin, j'ai été
réveillée par ma voisine qui criait, apparemment au téléphone.
Instantanément, je me suis dit que c'était une dispute d'amoureux. Je
ne sais pas pourquoi, le ton, sans doute. Je me suis collé un oreiller
sur la tête. Ca ne m'empêchait bien sûr pas de l'entendre, mais au
moins de distinguer ce qu'elle disait. Ca leur appartenait, à elle, et à son
interlocuteur, mais pas à moi.
Au bout d'un moment, il y a eu un silence. J'ai enlevé l'oreiller.
Et elle s'est mise à pleurer, tout près, juste de l'autre côté
du mur. J'ai résisté à une impulsion bizarre, celle de me lever et
d'aller sonner chez elle, pour la consoler.
C'est
marrant, parce que je ne la connais pas, cette fille. J'ai du la
croiser deux fois depuis deux ou trois ans qu'elle est là. Je ne la
reconnaitrais pas dans la rue. Mais elle fait partie de mon paysage
sonore, elle joue ou écoute de la musique, elle chante, elle organise
des soirées au cours desquelles des gens viennent jouer de la guitare
jusque tard le soir, le dimanche, souvent.
En fait,
c'est con. Je ne la connais pas, mais je l'aime bien. J'aime bien ce
que je devine de sa vie. Je crois bien que c'est ma personne préférée
dans l'immeuble.
Alors l'entendre sangloter, comme
ça, ça m'a fait un truc. D'autant que la semaine dernière, c'est moi
qui ai chialé de façon incontrolable pendant des heures, et que je me
souviens distinctement m'être dit que, peut-être, elle m'entendait, et
que peut-être elle se demandait pourquoi j'étais triste comme ca. Je
pleure beaucoup, mais pas avec n'importe qui. Mais cette présence
fantasmée ne m'a pas gênée.
Je me suis quand même dit
que peut-être, elle, ça la dérangerait de savoir qu'une parfaite
inconnue l'entendait, l'écoutait, à un mètre à peine.
Alors j'ai tapoté deux fois sur le mur (ce qu'elle n'a probablement pas
entendu), et puis j'ai attrapé mon ordinateur, et j'ai mis du Leonard
Cohen. Et puis du Neil Young. Pour faire savoir que j'étais là. Et puis
parce que desfois, la belle musique, ca aide à pleurer, puis à
s'arrêter.
Je ne sais pas ce que ca lui a fait, ni même si c'est cela qui a eu de l'effet, mais,
en tout cas, elle s'est arrêtée de pleurer, et je l'ai entendue
s'activer dans sa salle de bain.
Je suis restée encore dix minutes à écouter la musique dans mon lit.
Et puis je me suis levée, parce que, pour une fois, il n'était
pas possible, pas tentant, pas envisageable, de me rendormir.
Découvrez Neil Young!
(meeeeeeuh, deezer coupe au bout de 20 secondes, ca caaaasse touuuut :'( Cliquez sur "popup" pour entendre la chanson dans son entier...)