De la rentrée
C'est marrant, ces années
fac où la rentrée n'en finit plus. On est projeté dès début-septembre
dans "la rentrée", paske les autres, les enfants de la famille, les
parents qui suivent le rythme scolaire, les copines qui passent
l'agreg, ou qui l'ont eue l'an dernier commencent les cours (quoique
pas du même côté du bureau professoral). Tout le monde "rentre", alors,
ben moi aussi, je suis rentrée dans la tête.
Hier
j'ai donné mon premier cours de l'année (prof particulière, hein, j'ai
pas passé l'agreg, moi (pas encore argh)). Je donnais déjà des cours à
ce mome l'an dernier. Je suis contente, parce qu'il m'a semblé plutot
en forme. L'an dernier, quand je l'ai pris en main deux mois avant la
fin de l'année (troisième prof de l'année), c'était l'archétype de
l'ado un peu buté. Pas vraiment rebelle, non. Plutôt le genre à donner
dans la résistance passive. Genre je mache mon chewing gum, je me
balance sur ma chaise, je tripote mon crayon et je l'envoie par terre
toutes les 15 secondes. Et je demande régulièrement "c'est quoi "was"?"
(ou tout autre mot). Troisième année d'allemand, quand même hein je
précise. Et puis bon, j'articule pas, je ne donne surtout aucun signe
d'enthousiasme, tout ca tout ca. A la fin de l'année j'avais réussi à
le dérider un peu, bien qu'il ait essayé de me faire croire que la
bonne note sur laquelle il a fini l'année ne lui faisait pas plus
plaisir que ca (mais bon, il était tout rouge et avait du mal a se
retenir de sourire quand même :) ). Alors j'avais un peu peur d'avoir à
tout recommencer de ce côté là.
Mais pas du tout, il
était même plutôt plus détendu qu'à la fin de l'année dernière. Bon, il
a à peu près tout oublié du vocabulaire et des verbes de modalité, mais
on va pouvoir reprendre tout ca directement, sans passer par la phase
"je suis pas la pour t'emmerder, mais c'est pas paske ta moman me paye
que les résultats vont arriver." Ouf. Pis je l'aime bien, je pense
qu'on va arriver à faire quelque chose, quand même, en un an.
Voilà, et pis de l'autre côté, ben aujourd'hui, c'était la
réunion de rentrée des masters (ex- maîtrise/DEA). A la Sorbonne, on a
un an de retard, la mise en place ne se fait que cette année.
Evidemment, réforme oblige, c'est la merde. Ils savent pas, ils ont pas
les crédits, ni les enseignants, ni les salles. Ni les brochures
explicatives. Ni les dates. Ni les horaires. Ni des micros qui marchent
(pratique quand on fait une réunion concernant 7 spécialités, c'est à
dire, en gros, tous les littéraires de la fac,et que l'amphi dégueule
dans le hall de la fac). J'aime la fac.
Enfin bon, je
commence à me résigner (c'est juste que tant que j'ai pas mes horaires
de cours, je peux pas prendre d'autres élèves, et que j'aimerais bien
pouvoir, parce que c'est un peu la dèche, là tout de suite.) De toute
façon, les cours à la fac, pour moi, ca commencera pas avant le 23
octobre. Si les profs sont pas en colloque, ou en réunion, ou sur le
terrain, ou que sais-je d'autre. Enfin bref deux semaines de cours et
après c'est la Toussaint, quoi :) L'organisation de l'année faqueuse a
quitté la dimension temporelle et calendaire pour passer dans celle du
fromage: un vrai gruyère.
Et
pis au milieu de tout ca, y a la petite Mademoiselle Moi, qui n'a
toujours pas fini son mémoire de maîtrise (mais apparemment chuis pas
la seule, enfin ca me console pas). Qui va soutenir à l'extrême limite
du délai imparti. Qui va peut-être se retrouver sans deuxième juré,
paske son directeur a un peu tendance à décider arbitrairement des
choses sans demander aux autres personnes concernées si les dates qu'il
choisit leur vont.
Et Mademoiselle Moi, là, elle
défie la Théorie du Feu au Derrière. D'habitude, à une semaine de
l'échéance, j'ai un gros coup de flip, et j'abat d'un coup la montagne
en bossant jour et nuit (oui j'ai une grosse capacité de travail, elle
est simplement profondément enfouie sous une grosse couche de flemme).
Et là, rien. Pas de stress. Je bosse, mais sans la dose d'anxiété
finale, je garde un rythme très pépère. J'espère que je vais arriver à
finir, quand même, ce serait bien. En fait le problème c'est que je me
fais trop confiance. Jusque là je m'en suis toujours sortie.
Je devrais me méfier, c'est comme ca qu'on se prend les pieds dans le
tapis, en général.
Et à l'arrière-plan, y a la
perspective de ne pas savoir ce que je vais faire en Master2. Deux
orientations possibles (l'une en linguistique pure, l'autre qui serait
plutôt un genre d'étude historique et reflexive sur la linguistique
austronésienne), et des critères de décisions flous (emploi à la
sortie? bof, rien de sur...). Et j'ai pas le temps d'y penser, et
meeeeeeeerrrrrrdrrrrreeee (comme dirait Ubu).
Le
pire c'est que je suis plus stressée pour cette histoire d'orientation
que pour l'étape préliminaire, à savoir la validation de mon diplôme de
cette année. Ainsi que par la perspective des emmerdes administratives
qui vont accompagner mon inscription en master2. Avec ces conneries, je
serai pas inscrite avant fin octobre. La rentrée aura duré deux mois
bien pleins.
Bref. La vie qui va, quoi.