D'une lettre ouverte (ou rouge, d'énervement)
Monsieur qui gratte dans mon grenier,
J'ai conscience que je n'ai pas à me plaindre du bruit que toi
et tes petits camarades avez fait pendant toute la journée, en tapant,
raclant, grattant, shootant dans des morceaux de chez pas quoi qui
rebondissent sur le sol (qui se trouve être mon plafond, je vois que
tout le monde suit.). De la même façon que je n'ai pas ronchonné à
haute voix quand mes voisins sud ont passé tout le week-end dans leur
salle de bain (me demandez pas ce qu'ils faisaient, j'en sais rien,
mais en tout cas, c'était une activité nécéssitant une quantité de
flotte suffisante pour abreuver un troupeau d'éléphants.) De toute
facon, j'aurais pas dû être chez moi, mais en train de bosser dans une
bibliothèque quelconque, et donc, c'est bien fait pour moi, et tout et
tout.
Mais là, maintenant, il est dix heures et
quart, et tu es encore en train de tapoter, et de racler chais pas quoi
en faisant d'horribles bruits, du même genre que celui d'une craie
crissant sur un tableau, que ca m'en fout de frissons tout le long du
dos, et que ca me fait grincer des dents (à moins que ce soit les
éléctions en Italie??). Je suis en train de me filer un torticolis à
vérifier toutes les quinze secondes que tu n'as pas fini par percer le
plafond juste au dessus ma gueule et que tes gravas ne vont pas tomber
en plein sur mon petit clavier-chou-que-j'aime
Si
tu continues, ca risque d'entamer sérieusement nos bonnes relations, et
je risque de mettre de la musique très fort, pour couvrir. Et je suis
tentée de ressortir de derrière les fagots le fantastique morceau de
techno que je mettais il y a quelques années pour faire fuire les
dindes gloussantes stationnant sous mes fenêtres à une heure indue le
vendredi soir. Le dormeur, ca s'appelle.
Et c'est exactement ca que tu devrais faire, à cette heure-là. DODO,
j'ai dit. (moi pas, par contre, vu que je me suis pas beaucoup fatiguée
de la journée, je pète la forme, comme tous les soirs, depuis trois
jours).
Veuille, Monsieur qui gratte dans mon grenier, recevoir
l'expression de ma respectueuse et néanmoins agacée, considération.
Mademoiselle Soi-même.