De celles qui..
Celles qui n'en parlent pas.
Celles qui sont pliées en deux par la douleur, mais "ma mère, c'est pareil, on n'y peut rien".
Celles qui comptent à chaque fois combien de mois les séparent de la ménopause.
Celles pour qui le mot "Niagara" prend à dates régulières une autre dimension.
Celles que certaines religions considèrent comme impures une semaine sur quatre.
Celles qui se tâchent et se désignent, aux yeux du monde, comme n'ayant pas su planquer le grand secret, la grande honte.
Celles
qui se demandent pourquoi le sang de la virginité est culturellement
valorisé comme un trophée dans l'histoire occidentale, alors que celui
des règles est honni.
Celles à qui on demande à chaque saute d'humeur si elles sont "dans leurs mauvais jours".
Celles qui utilisent des euphémismes, et démontrent au passage la considérable richesse de la langue française.
Celles qui le disent franchement: J'ai mes règles.
Celles
qui pensaient, quand elles étaient petites, que l'utérus pleurait, à sa
manière, de n'accueillir aucun bébé pour le mois courant.
Celles à
qui un pote à laché un jour, en passant, qu'il était contre la pilule,
non par idéologie, mais parce qu'il n'aimait pas ces trucs qui
bidouillait dans les hormones, et qui ont dû se retenir de ne pas le
mordre.
Celles qui ont un coup de blues deux jours avant.
Celles qui se transforment en tornades blanches.
Celles qui maigrissent tellement que le sang ne coule plus.
Celles qui guettent et s'inquiètent au bout de 3h de retard.
Celles qui ne supportent pas l'odeur, sauf qu'en fait, elles sont bien obligées de la supporter, vu que c'est la leur.
Celles
qui refusent de se doucher avec leur copain pendant cette période,
pask'il y a des trucs auxquels même l'intimité ne donne pas droit.
Celles que leur gynéco ne prévient pas, à propos de la nouvelle contraception qui inhibent la menstruation.
Celles
qui se voient répondre, quand elles le mentionnent à la consultation
suivante: "Ben oui, je vous l'avais dit", comme si elles avaient pu ne
pas entendre ou oublier ce genre de détail à propos d'un événement qui
tourneboule leur corps tous les mois.
Celles qui se demandent si, une fois que ca s'arrête, ca va pouvoir repartir un jour, s'il n'y aura pas d'ennuis.
Celles
que ca angoisse, même quand tout est normal, et que toutes les
protections hyper-ultra-supra efficaces qui "guident le liquide vers l'intérieur", les tampons qui "s'ouvrent en corolle" ne parviendront pas à apaiser,
parce que ca vient de l'intérieur et qu'une solution externe n'y peut
rien.
Celles
qui pensent que les pubs télé aseptisées pour serviettes hygiéniques,
avec leurs liquides bleus translucides qui ressemblent à de l'Ajax
vitre, visent uniquement à épargner les mecs, vu que le public-cible,
les femmes, connaissent bien le spectacle.
Celles qui en causent, en appelant un chat un chat.