D'une éclaircie.
"Yu no tingting tumas, bae yu sik*", qu'il m'a dit deux ou trois fois, en rigolant un peu.
Ben mon gars, celle-là, figure toi qu'on me l'a déjà faite (mais c'était en français). Et j'aurais bien voulu te répondre, comme je l'ai fait au précédent, que c'est pas si facile, et que je sais pas comment débrancher la machine. Et qu'en plus, t'avais encore rien vu, vu que j'allais plutôt super bien depuis que j'étais là. Et puis j'ai trouvé plus simple de répondre "yes, be sapos mi no tingting, bae mi ded**". "O, plis", qu'il a fait.
Ben ouais, "o plis". Faut dire que j'aurais eu du mal à lui expliquer pourquoi c'était "pas si simple". Et pas juste à cause du barrage de la langue, ou des différences de culture. Y avait aussi que d'un coup, le vague à l'âme, ça me paraissait lointain, détachable, un truc que j'avais laissé en France, et dans lequel j'arrivais même plus trop à me représenter. A partir de là, il y a deux petites voix qui se disputent dans ma tête. La première qui fait: "laisse tomber, c'est un aspect de toi auquel il ne peut pas (ils ne peuvent pas) avoir accès. Ils peuvent pas comprendre cette merdasse, et du coup, ils peuvent pas te connaître vraiment, toi."
Et puis y a l'option deux, qui dit "ouais mais en même temps, s'ils l'ont pas vue, la merdasse, jusque là, c'est pas que tu l'as planquée. C'est juste que tu t'en es passée pendant quelques mois. Ptet, tu pourrais continuer, et ptet que c'est pas plus compliqué que ça."
Aujourd'hui, je suis plutôt d'humeur à écouter la deuxième ptite voix.
* "Gamberge pas trop, tu vas te rendre malade."
** "Oui, mais si je m'arrête, je suis morte"